LE VALET BOUFFON
Le personnage le plus vivant, le plus remuant de la Commedia dell'arte - Chien, singe et chat - Chien, car il sait être un valet fidèle et obéissant quand il le faut, singe par son agilité d'acrobate, chat par son indépendance et sa ruse.
Un masque sombre comme tous ceux de Bergame, la ville des charbonniers d'où il vient. Une bosse sur le front aux multiples interprétations : Excroissance congénitale parce que les habitants de la ville basse de Bergame passent pour des sots ; ou elle lui vient d'accidents consécutifs à sa maladresse originelle, ou bien, elle fait référence aux coups qu'il reçoit régulièrement suite à ses fourberies. On dit aussi que ce sont les cornes du diable qui poussent. Des traits arrondis soulignent son optimisme. Il est costumé de guenilles ou de pièces de vêtements différents qu'on lui a donné et qu'il a recousu en patchwork, car Arlequin est pauvre, toujours en quête d'argent. Il est celui qui vous sert la main droite pendant que la gauche fouille dans la poche de votre manteau.
Arlequin est aussi le tendre amoureux de Colombine, ce qui ne l'empêche pas d'être un coureur de jupon. Tout et son contraire à la fois, s'il est parfois astucieux et entreprenant, il est souvent insolent, cynique, gourmand et paresseux.
"Je sais tout faire : manger, boire, dormir, faire l'amour, mon seul défaut, c'est que je n'aime pas le travail".
Arlequin s'appelle Scapin ou Sganarelle dans les comédies de Molière. Il est un personnage phare de la commedia, attachant et drôle, mais n'oublions jamais qu'il doit son nom à Aliquino, le prince des démons dans l'Enfer de Dante.
LE LAZZI DE LA MOUCHE
Comme il a toujours faim, Arlequin va suivre de la tête puis de tout son corps une mouche qui vole autour de lui. Avec la bouche, il imite son bourdonnement, il se fige quand elle se pause. Après quelques péripéties, il l'avale.
Selon la nature du comédien, Arlequin va se coucher satisfait ou bien, il est agacé par la mouche qui continue de bourdonner dans son ventre.
DÉSESPOIR D'AMOUR
En apprenant que le docteur veut marier Colombine à un vieux paysan, Arlequin veut mourir.
"Je me boucherai la bouche et le nez, le vent ne pourra pas sortir et comme cela, je mourrai. Il se pince le nez et met une main contre sa bouche, puis il fait entendre un pet sonore. Non ! Le vent sort par le bas. Comme c'est difficile de mourir. Il se tourne vers le public. Si quelqu'un voulait me montrer comment on meurt, je lui serais bien obligé... Ah ! J'y suis, on dit parfois mourir de rire. Si je pouvais mourir en riant ce serait une mort fort drôle. Je crains les chatouilles : Si on me chatouillait longtemps on me ferait mourir de rire. Y'a t-il quelqu'un qui veuille bien me chatouiller ?"
LE PAYSAN BALOURD
Un nez crochu, une démarche de canard molle et boiteuse, un piaillement de poussin, pas de doute, c'est Pulcinella (petit poussin), le nom italien de Polichinelle.
La légende raconte que lorsqu'il était encore poussin, Polichinelle ne parvenait pas à casser la coquille de son œuf pour en sortir. Et, alors qu'il piaillait pour qu'on l'aide, le diable a pitié de lui et prend l'œuf sur son dos. Mais l'œuf se brise pendant le voyage. Pulcinella en sort avec une énorme bosse sur le dos. Comme il est gourmand et fainéant, il a aussi un ventre proéminent. Ce qui lui donne l'allure grotesque d'un bossu au gros ventre.
Le masque est noir. Les joues tombantes, des rides marquées sur le front, un nez busqué. Voici l'homme du peuple. Il lui arrive de dire quelques vérités, mais il est grossier, bagarreur, malin et paresseux. Comme Arlequin, mais plus lourd, plus grotesque. Plus laid aussi. Son visage est souvent parsemé de verrues. Ses yeux un peu tombants viennent peut-être de ses déboires sentimentaux.
LA DÉMARCHE D'UN TRAINE-PIEDS
En 1819 M. Arnault écrivait ceci sur Polichinelle : Il doit se mouvoir avec cette roideur sans force, cette souplesse sans ressort, qui caractérise le jeu d'un corps qui n'a pas en lui le principe du mouvement et dont les membres, mis en action par un fil, ne sont pas attachés au tronc par des articulations mais par des chiffons.
LE VALET BRIGAND
Voici un autre serviteur rusé, le pendant d'Arlequin, moins naïf, moins sympathique, mais plus instruit, car il vient de la ville haute de Bergame, ce qui, selon ses habitants eux-mêmes, lui confère une valeur supérieure.
Fourbe et intrigant, voleur, menteur, gourmand, hypocrite et bavard... N'oublions pas que l'origine de son nom vient de l'Italien briga qui signifie :
QUERELLE. Tout est dit.
Brighella entre en scène d'un pas assuré et digne. On peut lui attribuer en lazzi des tics, de brusques changements d'attitude qui vont le désarticuler et révéler sa fourberie obséquieuse.
Son masque est souvent brun, "la couleur des habitants de ces hautes montagnes, brûlées par l'ardeur du soleil" écrit Goldoni. Inspirant davantage la crainte que la compassion, Les traits de son masque donnent à son visage l'impression d'être étiré vers l'extérieur.
Si Arlequin abandonne sa "Polenta" pour suivre le papillon qui passe devant lui, Brighella mange la polenta et le papillon.
Pendant qu'Arlequin conte fleurette à Colombine, Brighella combine des mariages en cherchant avant tout son intérêt financier.
TIRADES BRIGHELLESQUES
Une source d'inspiration importante pour ce personnage est un Recueil de notes Brighellesques, publié à Venise en 1787, et contenant 750 dictons et bons mots attribués à un certain Brighella Zannoni. En voici un florilège.
Du vol :
"On ne doit pas dire un voleur, mais un mathématicien ingénieux qui trouve une chose avant que son propriétaire l'ait perdue."
"Les objets que l'on s'approprie sont des biens dont on hérite avant la mort de ceux qui les possèdent."
Du bavardage :
"Je suis très bavard, parce que mon père était muet et qu'il a laissé un capital de paroles toutes neuves et qui n'avaient jamais servi : au reste, je suis un bâtard."
De celui qui parle indistinctement :
"Il semble qu'il lit une recette de gargarismes pour la gorge."
Des médecins :
"Les médecins sont plus heureux que les gens des autres professions, car les erreurs de la médecine sont recouvertes de terre."
Petit dialogue :
- J'accomplis mon métier avec un tel soin qu'aucun de ceux pour lesquels je travaille n'a eu à se plaindre de moi.
- Quel est donc votre métier ?
- Je fais des cercueils, pour votre service.
LE VIEUX MARCHAND
Les yeux tristes du cocu, les rides marquées par l'âge, le nez crochu du rapace avide d'argent, parfois affublé de sourcils ou d'une barbiche blanche, pas de doute, voici Pantalon.
Pantalon est un personnage emblématique de la commedia dell’arte, le pendant indispensable d'Arlequin. C’est un ancien marchand vénitien, riche et avare, souvent ridiculisé par sa crédulité et son désir inapproprié pour les jeunes femmes, il est la cible de tromperies et de farces par son serviteur Arlequin et par les jeunes amants dont il est père ou tuteur.
Le vieux bourgeois Pantalon incarne les conflits sociaux et générationnels qui sont au cœur des intrigues de la Commedia dell’arte.
Maitre militaire de la Commedia dell’arte.
Fanfaron, lâche et hâbleur Le Capitan est un mercenaire, souvent espagnol. On le reconnaît à son grand nez de menteur qui n’a d’égal que son épée qu’il brandit de manière dramatique pour impressionner ses serviteurs. Il parle avec un accent étranger et utilise des mots et expressions maladroites.
Il a tendance à exagérer à l'extrême ses conquêtes (militaires et amoureuses) et provoque des disputes et des duels qui le conduisent inévitablement à une humiliante défaite ou à une raclée.
Comme les autres maîtres de la Commedia, il incarne le pouvoir ridiculisé.
Courtisane, veuve ou mariée à un vieux maitre comme Pantalon, LA SIGNORA passe son temps à le cocufier ou fomenter des intrigues en vue de s’enrichir. Elle est habillée avec excentricité et parle haut et fort. Comme toute noble, elle est gourmande et lascive.
Les masques féminins n’existaient pas à l’origine de la Commedia dell’arte. Les personnages féminins étaient essentiellement des jeunes filles à marier et les rôles d’amants et amantes étaient joués par des comédiens non masqués.
COLOMBINE est généralement la servante maligne et espiègle, souvent associée à Arlequin, avec qui elle partage une relation amoureuse. Elle est vive, intelligente, parfois coquette et plus rusée que ses maîtresses ou maîtresses.
Contrairement à la plupart des autres personnages de la Commedia, Colombine ne porte généralement pas de masque complet. Elle peut porter un demi-masque ou Loup qui laisse voir ses traits délicats et lui permet de jouer son rôle séducteur. Si le masque est plus complet, il sera orné de manière élégante, en contraste avec les masques plus grotesques des personnages masculins.
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